Chroniques cadaciennes

Un rituel. Une procession. Une rencontre

Equipe / OLA : Johann Mazé, Sophie Fougy, Gwenaëlle Larvol, Samuel Boche, Virginie Terroitin, Anne-Cécile Paredes. Une production déléguée : Opéra Pagaï

Chroniques Cadaciennes est un projet accueilli et coproduit par Pronomade(s) en Haute-Garonne, Centre national des arts de la rue et de l’espace public et ADOMA CDC Habitat en partenariat avec la Communauté de communes Cagire Garonne Salat et la Commune de Saint Martory, avec l’aide de l’ONDA – Office national de diffusion artistique et le soutien d’OPH 31

C’est l’histoire de Saint-Martory, un village de 900 habitants dans le Comminge, au sud de Saint-Gaudens, qui, en 2016 par décret préfectoral, accueille un CADA. Un Centre d’Accueil de Demandeur d’Asile. Un acronyme qui nomme un lieu de vie. Un lieu où l’on attend que d’autres décident. 50 nouveaux habitants. 50 sur 900. Une tornade ? Un événement ? Qu’est ce que cela change dans le paysage ? Des « personnes de couleurs » longent la départementale, ils sont plusieurs, ils sont nombreux. Qu’est ce que cela change dans la vie des gens ? Pour certains, pas grand chose, pour d’autres, ça change tout. Ceux qui vivent ici. Nous sommes au : 0 Rue de la Gare. 31360 Saint Martory. 

Au début, les voyageurs arrivent seuls, ils s’adaptent, ils s’ennuient, ils n’ont pas le droit de travailler. Il leur reste le déplacement, ils sont en mouvement. Ils viennent de loin. De loin comme on l’imagine, et de plus loin encore. Ils ont des enfants, commencent à les mettre à l’école, vont au bar, prennent le bus, marchent sur les chemins… De Netto à Chez Kiki, le bar emblématique du village, de la déchetterie à la Poste. Petit à petit, ils habitent Saint-Martory. Des cadaciens de Saint Martory. Au 0 Rue de la Gare. 

On ne décide pas de quitter son pays. C’est la violence et la pauvreté qui vous jettent dehors. On ne décide pas de vivre à Saint-Martory quand on vient de loin, là-bas. C’est la France qui t’installe là, à durée indéterminée. Imaginez une file d’attente, ils ont pris leur ticket sagement. Ils sont très sages, ils n’ont pas le choix. Ils ne savent pas quand viendra leur tour. Certains sont arrivés après, mais partent avant, ou le contraire. Il n’y a pas de règles ou alors nous ne l’avons pas comprise. Eux non plus. Et d’ailleurs pas même les juristes, les éducateurs, les administrateurs qui les accompagnent dans cette interminable latence. Ils habitent une salle d’attente à ciel ouvert. Ils sont en pause. Alors, qu’est ce qu’on fait en attendant ?

En attendant… En attendant… Manger. Dormir. Se lever. Se regarder dans le miroir de la salle de bain, se reconnaître ou reconnaître qu’on a changé. Amener son gosse à l’école. Faire le ménage. Ranger ses affaires dans sa chambre. Descendre au bureau. Ouvrir la boîte au lettre vide ou ne pas comprendre les mots de la lettre. Aller à Netto. Attendre le train, le bus, la voiture qui s’arrêtera et vous prendra en stop. Courir chez le dentiste, prendre un Doliprane. Attendre. Marcher.  Aller à Netto. Chercher un Doliprane. Manger tard. Dormir plus tard. S’assoupir. Se réveiller dans la nuit. Prendre l’air sur la balcon. S’engouffrer dans Youtube. Regarder le ciel, la nuit, se dire que les étoiles ne sont pas les mêmes dans son pays aux milles collines. Attendre le matin et s’endormir à 7h, épuisé. Epuisé par une nuit qui ne se laisse pas faire. Se réveiller à 14h. Ne pas se reconnaître. Boire un café au gingembre très sucré. Ne pas comprendre la langue de l’autre. Aller à Netto. Manger à 17h. Aller à Netto, regarder les prix. Retourner à Netto, acheter. Les meilleurs clients de Netto. Ils s’appellent Liebe, Yama, Youssef, Sounounou et  Alliance, ils seront les guides de cinq déambulations sonores qui vous conduiront jusqu’à une installation photographique et culinaire à Saint-Martory au mois de juin. 

Créer avec des personnes c’est avant tout se poser la question de la réciprocité. Avant de mettre scène des récits collectifs, qu’apportons nous dans la vie de celles et ceux qui les nourrissent ?

A Saint Martory, avant d’imaginer nos rendez-vous du mois de juin, nous avons fabriqué collectivement 18 tables basses, 82 tabourets, 30 abats-jours, 90 coussins, 45 bloc-portes, 30 rideaux, 30 plans de travail pour leurs cuisines, 15 étagères pour la salle bain. Cette gamme de mobilier designée par OLA vient s’installer dans les 15 appartements pour améliorer la vie quotidienne de celles et ceux qui suivront.
Pendant ces ateliers nous nous sommes rencontrés, nous avons créé des complicités et petit à petit un projet artistique est né. Nous repensons avec tendresse au « don contre don » de Robert Filiou, au potlach des indiens d’Amérique du Nord, nous nous sentons privilégiés. 

La déambulation

Nous avons le plaisir de vous inviter à découvrir Chroniques Cadaciennes.

Cinq déambulations créées avec la complicité des résidents du CADA, Centre d’Acueil de Demandeurs d’Asile de Saint-Martory.

Cinq mouvements qui se déplient dans le paysage au rythme des voix, des points de vue, des cultures de ses habitants temporaires.

Cinq fictions paysagères qui vous amènent par les chemins de Saint-Martory et plus loin encore. Là où les gens se séparent, là où les gens attendent, là où il fait chaud et où poussent les fleurs de goyage, là où l’Histoire nous rappelle à nos responsabilités, là où les hommes et les femmes ont le courage de l’inimaginable, là où on décide de partir, parfois pour mieux revenir.

DATES : mercredi 16, jeudi 17, vendredi 18 juin à 19h30 et samedi 19 juin à 11h30 et 19h30
Saint Martory

Gratuit, réservations indispensables (places limitées) / durée 2h environ / à partir de 15 ans / venez bien chaussés, nous marcherons un peu…
Réservations ici https://www.pronomades.org/Reservations

TEASER

Les portraits de ceux qui prennent la parole